— Mercredi 23 février 2022 à 19h
La collection « Dits » de l’Inha (Institut national d’histoire de l’art) rassemble des essais d’histoire de l’art écrits par des auteurs s’inscrivant dans tous les champs de la pensée et de la recherche. Sous une forme brève, ils explorent les questions que font naître les images, les objets, les édifices et les lieux.
De Grandville à Topor. Le fantastique des dessinauteurs de Laurent Baridon
Certains illustrateurs se distinguent par une pratique paradoxale. Ils conçoivent des images qui, tout en étant liées à un texte, tendent à s’en émanciper. Elles provoquent le regard du lecteur en lui offrant, au lieu d’une illustration littérale du texte, une énigme à déchiffrer. Le choix d’une esthétique fantastique caractérise souvent ce processus d’autonomisation du visuel. Parmi les illustrateurs qui pratiquent ce genre, certains renversent la hiérarchie conférant la primauté à l’écrivain, ou rédigent eux-mêmes les textes qui illustrent leurs images. Le néologisme de « dessinauteur » désigne cette catégorie d’artistes qui revendiquent d’être auteurs par l’image.
Jeux de position. Sur quelques billards peints de Victor Claass
Jean Siméon Chardin, Edgar Degas, Vincent van Gogh et Jacqueline de Jong comptent parmi les nombreux artistes ayant pris pour motif les scènes de billard. D’abord pratiqué dans les salons de l’aristocratie européenne avant de gagner les intérieurs bourgeois et les troquets du XIXe siècle, ce jeu d’adresse et de hasard est à l’origine d’une iconographie aussi riche qu’inattendue. Se penchant sur l’histoire visuelle et sociale de ce loisir, l’auteur décrypte l’évolution de ses représentations et dresse un corpus d’oeuvres incitant à penser l’histoire de l’art comme un « jeu de position » en perpétuelle reconfiguration, selon l’expression de Michael Baxandall.