— Vendredi 9 décembre 2022 à 19h
7 figures de femme ayant chacune exercé leur art sur une scène particulière : danse, chant, mime, théâtre, performance, écriture… 7 étoiles formant une constellation donnant à penser ce qui dans l’art aussi bien que dans la vie émancipe. Sarah Bernhardt à travers Lorenzaccio et Hamlet, Yvette Guilbert et son répertoire « érotico-égrillard », Colette et ses mimes animaliers, Isadora Duncan et ses danses, Zouc et son Alboum, Angélica Liddell dans L’Année de Richard… sous le regard bienveillant de Sappho, poétesse, prêtresse, pédagogue en art des Muses et chanteuse.
Comme c’est bientôt Noël, un extrait du chapitre 4 (Gestes) :
« Le mot « geste » comprend plusieurs dimensions. Il désignait jusqu’ici la démarche de l’actrice et de ses œuvres. Entendu en ce sens, le geste se rapproche du « style », ou de l' »esthétique », c’est ce qui caractérise les productions de l’artiste et les rend chacune reconnaissable entre toutes. Le geste est d’une certaine façon ce qui s’est imposé a priori pour considérer ces actrices comme émancipées. Mais qu’est-ce que cela veut dire, un geste émancipé, s’émanciper dans, par, à travers un geste d’art ? En tant que démarche et processus, l’émancipation est consubstantielle à une pensée du geste, saisie comme effectuation et comme intention. Le geste émancipé commence avec le désir d’agir en son nom, il est une énergie, aux intensités et modalités variables en fonction des œuvres et des contextes historiques. Le geste ne se résume pas à une dimension physique, corporelle, il inclut un ensemble beaucoup plus vaste. Nous sommes tous et toutes fait.es de gestes. Ces gestes nous situent socialement, psychiquement, sexuellement, ils nous fabriquent un corps. Ainsi, joindre l’émancipation et le geste requiert de penser le corps comme réalité complexe, éprouvée en relation avec un ou plusieurs autres. Le corps est tissage de mémoire intime, collective, héritier de codes sociaux et artistiques, tendu vers une action, et inscrit dans différents écosystèmes. Espace en train de s’ouvrir au moment même où il se déploie dans le temps, le geste émancipé cherche à se fondre dans le présent, à mieux s’unir aux mondes. Si le corps des femmes est saturé de soumissions, la question n’est rien moins que celle-là : est-il possible, par l’art, de changer de corps, de se faire un corps ? »