– Samedi 15 avril & dimanche 16 avril 2023
Le programme :
Samedi 15 avril
10h Atelier « Des gens qui marchent » avec Yvane Chapuis et Oscar Gómez Mata (sur inscription) / « Penser l’action. Un système d’entraînement de l’acteur.rice » d’Yvane Chapuis et Oscar Gómez Mata (B42, 2022)
13h Collation
14h Discussion sur les palais de mémoire à partir du livre « Le temps de la ruine » de Victor Burgin (Inha, 2023), de son œuvre « Un lieu pour lire » basée sur l’histoire du café Taşlık, sur les vestiges de traités, sur la Manufacture de Sèvres et le Palais Rumine (Lausanne)
15h Atelier « Mémoire du futur » avec Zrinka Stahuljak, création collective d’un jardin partagé à partir de son fond d’écran, présentation de la collection Anamnèses (Macula)
17h Tirage du tarot d’Hermine Karagheuz avec Antoine Mouton / « HKZ. Le livre du revenir » (Ypsilon, 2022)
18h Comité de rédaction autour de l’argent et de la dépense avec Anouche Kunth, Sensibilités et le collectif Panthère première / Sensibilités n°9 « Au miroir de l’argent » (Anamosa, 2021), Panthère première n°8 « Le flouze complet » (2022)
19h « Vis ma vie de libraire » avec Stéphanie Gaou (Les Insolites, Tanger) et Souleymane Gueye (Plumes du monde, Dakar)
21h Banquet pour les vivants et les morts avec Lucie Taïeb, Ibrahim Inanma (Paristanbul) et les éditions de L’Ogre
22h Dancing et pop méditerranéenne avec Sarah Mazouz / « Race » et « Pour l’intersectionnalité » (Anamosa, 2020 et 2021)
Dimanche 16 avril
12h Collation
13h Atelier « Regarder voler les mouches » avec Natacha Allet et Isabelle Pitteloud / « En regardant voler les mouches. Art, littérature et attention » (La Baconnière, 2022)
14h Atelier « Sortir la littérature du capitalisme » avec Hélène Ling et Inès Sol Salas / « Le fétiche et la plume. La littérature, nouveau produit du capitalisme » (Rivages, 2022)
15h Performance d’Emmanuelle Fantin et Camille Zéhenne dont Jean Baudrillard est le héros / « Le livre dont Jean Baudrillard est le héros » (MF, 2022)
16h Table ronde « Mobilisation sociale », du parc Gezi (2013) à aujourd’hui avec Boğaziçi (Université du Bosphore) avec Ayşen Uysal, Isabelle Saint-Saëns et Zeynep Gambetti (en duplex d’Istanbul)
18h Atelier « Composer une bibliothèque » avec Manuel Charpy et Pierre Chabard, à partir du livre de Michel Vernes, « Projets et souvenirs. Écrits sur l’art et l’architecture, la ville et le paysage » (La Villette, 2023)
19h Apéro, négociation et signature d’un traité pour un nouveau festival avec le collectif Les Désirables
Et tout le week-end des surprises chantées des Editions de L’Arche !
« Byzance ! »
Séminaire ouvert du collectif Les Désirables ou
Traité des petites puissances
Librairie Petite Égypte
15 & 16 avril 2023
100 ans après le traité de Lausanne (1923)
Qui annule celui de Sèvres (1920)
Jeu des grandes puissances
(voir Wikipédia)
Rendez-vous donc
Photogramme extrait du film de Sergueï Paradjanov Sayat Nova. La couleur de la grenade, 1969.
« Bagatelle.- Chose de peu de prix et peu nécessaire.
Humour.- Mélange d’esprit et de naïveté, de gaîté et de mélancolie, de brusquerie et de sensibilité.
Divertir.- Amuser, recréer, soustraire.
Rupture.- Action par laquelle une chose est rompue.
Prodigue.- Qui dissipe en folles dépenses.
Affection.- Attachement. »
Définitions de mots français insérées dans le « Journal d’une déportée du génocide arménien » de Serpouhi Hovaghian (BNF éditions, 2021).
« L’affection est effort. En m’obstinant, j’ai pu construire des amitiés solides comme le chêne. Que signifie s’obstiner ? Combattre les inégalités, les disparités, accroître une affection qui se développe et qui évolue. L’effort. Toujours l’effort. Nous nous épuisons. En nous épuisant, nous nous comprenons. En nous comprenant, nous nous aimons. Et aimer nous transforme encore. »
Extrait des « Dialogues avec Pınar Selek » de Guillaume Gamblin (Cambourakis, 2019).
« 10 juin 2020
Quelques carnets, autoportraits, esquisses :
« consciente d’être la fausse note dans la musique des cieux » écrit HKZ.
Plus loin :
« amour la réponse qui couvre tout et ne satisfait personne ».
Et puis :
« le premier mot appris fut un chiffre : 1915, l’année du génocide arménien ».
Dans le carnet 89/90 :
« Sur ma machine à écrire, la lettre A a disparu. J’ai trop écrit Arménie. Amour peut-être ? » »
Extrait de « HKZ. Le livre du revenir » d’Antoine Mouton (Ypsilon, 2022). HKZ pour Hermine Karagheuz, née Karagheozian, comédienne, « qui a écrit, qui a aimé, milité, qui s’est intéressée à tout ce qui l’attirait, sans frein, sans souci de cohérence. »
« Commencer par penser l’amour toujours comme une action plutôt que comme un sentiment, c’est une manière de faire en sorte que toute personne utilisant le mot assume automatiquement sa responsabilité et rende des comptes. »
Extrait de « À propos d’amour » de bell hooks (Divergences, 2022).
« La danse est une pratique de la défection sublime, un art futile, pris au sens de ce qui laisse échapper ce qu’il contient. Elle qui naît de la conscience de pouvoir déborder – et de la volonté de savoir le faire – se livre dans une incontinence rebelle. Le corps dansant, qui se répand à tout va, éclabousse tout sur son passage. Même futile, surtout futile, la danse trouve en elle les moyens de s’opposer au contrôle industriel de nos dépenses. […] Elle ouvre un espace où l’on fait ce que l’on veut de sa fatigue, donnant sa perte en spectacle pour mieux susciter le désir d’une autre économie corporelle. À chacun alors d’entrer dans la ronde et d’accepter l’idée : tout corps qui tend à vivre doit aussi consentir à perdre. »
Extrait de « Tout à danser s’épuise » de Florian Gaité (Sombres torrents, 2021).
« Un acteur qui pense l’action, c’est très beau. Est-ce donc un objectif esthétique ? Oui, parce que penser ses actions, c’est être dans le présent de la situation de représentation. C’est beau car ça signifie être avec les autres, avec ses partenaires, avec le public, avec son époque aussi, et agir en fonction, aussi précise et contraignante soit la partition. »
Extrait de « Penser l’action. Un système d’entraînement de l’acteur.rice » d’Yvane Chapuis et Oscar Gómez Mata (B42, 2022).
L’objectif central du manuel pratique de Chapuis et Gómez Mata est d’apprendre à faire et à penser l’action en même temps. Le jeu est affaire de partition, de composition, d’interaction, d’émission et de réception. « Byzance ! » propose, le temps d’un week-end, d’envisager l’édition et le commerce des livres comme champs d’action incarnés par des actrices et acteurs, théâtres d’opérations relevant du geste, du don et de la dépense, du cadeau somptuaire. Le séminaire, ouvert, rassemble des interprètes et publics autour d’une économie générale au sens de l’écrivain et philosophe Georges Bataille, autour d’une économie de l’abondance en reprenant les mots de la linguiste féministe Luce Irigaray.
Économie du geste, aussi, décrite par l’historienne de l’art Juliette Riedler dans « 7 femmes en scène. Émancipations d’actrices » (L’extrême contemporain, 2022) :
« En tant que démarche et processus, l’émancipation est consubstantielle à une pensée du geste, saisie comme effectuation et comme intention. Le geste émancipé commence avec le désir d’agir en son nom, il est une énergie, aux intensités et modalités variables en fonction des œuvres et des contextes historiques. Le geste ne se résume pas à une dimension physique, corporelle, il inclut un ensemble beaucoup plus vaste. »
Les actrices et acteurs du livre sont les interprètes d’un jeu dont les règles évoluent avec les contextes politique, économique et social, la démographie et la sociologie des publics, les cultures médiatiques et institutionnelles, l’écologie, les techniques matérielles, industrielles, logistiques, commerciales, etc. « Byzance ! » invite, avec le collectif Les Désirables qui rassemble des maisons d’édition et des librairies indépendantes, mais aussi avec d’autres parties prenantes de la production matérielle des savoirs, avec l’historienne Zrinka Stahuljak qui animera un atelier sur les arts de la mémoire, la sociologue Sarah Mazouz qui sera aux platines le samedi soir avec de la pop méditerranéenne, avec Hermine Karagheuz par le truchement de son jeu de tarot, avec des libraires venu.e.s de loin – Stéphanie Gaou (Les Insolites, Tanger), Souleymane Gueye (Plumes du monde, Dakar), avec la Société d’histoire du théâtre, avec les politistes Ayşen Uysal, Isabelle Saint-Saëns et Zeynep Gambetti (en duplex d’Istanbul), avec les revues Panthère première (Marseille) et Sensibilités (Paris), à penser l’action au travers d’exercices collectifs et de discussions. L’édition, comme l’apprentissage et la transmission, comme les arts de la scène, est un art vivant.
« Byzance ! » : image, icône, économie. « Décider d’une image est l’affaire d’un commerce, celui des êtres de parole qui produisent un monde commun. » Marie-José Mondzain, « Le commerce des regards » (Seuil, 2003). Byzance, Constantinople, Istanbul. 2013, 27 mai, occupation du parc Gezi menacé par un projet de réaménagement urbain néolibéral et autoritaire ; 1er juin, 20 000 manifestant.e.s sur place, des milliers d’autres à l’extérieur tentant de forcer les barrages de police, puis la répression. Sous le parc, un cimetière arménien, Sourp Hagop, détruit en 1930 ; en 2013 de jeunes activistes ont écrit sur une fausse tombe dans le parc : « Vous nous avez pris notre cimetière, vous n’aurez pas notre parc ! ».
C’est « Byzance ! » ici et maintenant, avec aussi Hélène Ling et Inès Sol Salas pour « Le fétiche et la plume. La littérature, nouveau produit du capitalisme » (Rivages), Manuel Charpy pour Michel Vernes, « Projets et souvenirs. Écrits sur l’art et l’architecture, la ville et le paysage » (La Villette), Natacha Allet et Isabelle Pitteloud, « En regardant voler les mouches. Art, littérature et attention » (La Baconnière), Antoine Mouton pour « HKZ », Lucie Taïeb pour ses romans aux éditions de L’Ogre, le collectif de Panthère première et Anouche Kunth (Sensibilités), Alexandre Pateau traducteur de Bertolt Brecht, « L’Opéra de quat’sous » (L’Arche), Emmanuelle Fantin et Camille Zéhenne performant « Le livre dont Jean Baudrillard est le héros » (MF), Henri Kebabdjian, Nathalie Réveillé et la Manufacture de Sèvres – Musée de la céramique, La Manufacture – Haute école des arts de la scène, Lausanne, et le restaurant Paristanbul, voisin chéri. Quelques interventions sous réserve, des précisions à venir, le programme bientôt !