— Jeudi 2 mars 2023 à 19h
Les éditions Lorelei publient des livres d’artistes et des publications dont l’écriture s’étend aux choix graphiques et éditoriaux, ainsi que des ouvrages critiques et théoriques sur l’art. Parmi ces ouvrages, ceux de la collection « Frictions » mêlent réflexions artistiques et politiques en vue de partager des outils de pensée avec celles et ceux qui traversent ces deux champs — et que ces deux champs traversent.
Ana Samardžija Scrivener
« Terrorisme esthétique, Une lecture politique du tableau synoptique surréaliste avec Germaine Berton »
Dans le premier numéro de La Révolution surréaliste (1924), un montage photographique réunit les membres masculins du mouvement et des personnalités comptant à leurs yeux, autour du portrait d’une femme : Germaine Berton. En 1923, cette militante anarchiste défraya la chronique en assassinant Marius Plateau, figure des milieux monarchistes et nationalistes. Cet ouvrage revient sur la réception de ce crime politique par les surréalistes, qui apportèrent un soutien inconditionnel à Germaine Berton, et par les anarchistes eux-mêmes, dont la position fut plus ambivalente. En analysant leurs divergences et en revenant sur différentes interprétations du « tableau synoptique », il s’agit d’en critiquer les approches purement cultuelles ou esthétisantes, afin de restituer la dimension politique de l’expérience surréaliste et l’antagonisme violent des années qui l’ont vu naître.
Julia Ramírez-Blanco
« La Ciudad del Sol, Le mouvement 15 M
entre formes et performances »
En mai 2011, des manifestants installent un campement sur la place de La Puerta del Sol à Madrid, important en Europe une forme d’action issue des Printemps arabes. Dans cet espace qui fonctionne comme une ville miniature, les décisions ne sont plus confiées à des représentants mais prises collectivement au sein d’une assemblée, et diverses commissions prennent en charge les questions pragmatiques. Partout, surgit la parole, que ce soit oralement lors de longues réunions ou sous la forme visuelle d’affiches et de banderoles auto-produites. Ce livre revient sur cet épisode contestataire en s’attachant à ses dimensions esthétiques et utopiques. Il montre comment l’imaginaire d’un monde meilleur peut se déployer à travers des formes visuelles et performatives.
Sara Alonso Gómez et Julie Martin
« Contre-visualités, Écarts tactiques dans l’art contemporain »
Passant l’histoire de l’art au crible des études visuelles et culturelles, cet ouvrage explore les notions de visualité et de contre-visualité. Ces termes introduits par le théoricien des cultures visuelles Nicholas Mirzoeff nouent le voir au savoir, au pouvoir et au (faire) croire. L’analyse des pièces de Betye Saar, Leslie Labowitz-Starus, Coco Fusco et Guillermo Gómez Peña, Hito Steyerl, Joy Buolamwini, et des écrits d’Allan Sekula, permet d’examiner comment certaines œuvres d’art questionnent les systèmes de visualité hérités des mécanismes de domination capitaliste, coloniale, et patriarcale.
Ces artistes n’opposent pas terme à terme une visualité à une autre, mais cherchent à produire des écarts tactiques et privilégient une mobilité des points de vue, pour permettre à chacune et à chacun de se construire comme sujet.