soixante-huit, histoire globale

soixante-huit, histoire globale

vendredi 30 mars 2018 à 19h00

Rencontre avec Ludivine Bantigny, auteure de 1968 – De grands soirs en petits matins (éditions du Seuil) et Nils Andersson, auteur de Mémoire éclatée (éditions D’en bas). Une rencontre autour de l’histoire globale de 1968, animée par Anaïs Kien.

Si le Mai 68 français est devenu l’icône que l’on connaît, 68 voit éclore aux quatre coins du globe, et de part et d’autres du Mur, des mouvements insurrectionnels. Entre Rome, Alger, Tokyo, Mexico, Berlin, Amsterdam, et Memphis, est-il aujourd’hui possible d’écrire une histoire mondiale de 68 ?

À partir d’un travail dans les archives de toute la France, pour beaucoup inédites, Ludivine Bantigny restitue l’énergie des luttes, des débats, des émotions et des espoirs portés par les acteurs de 68 : toutes celles et tous ceux – ouvriers, étudiants, militants mais aussi danseurs, médecins, paysans, artisans, poètes d’un jour, et les femmes à parts égales avec les hommes – qui ont participé au mouvement. Elle s’intéresse aussi à « l’autre côté » : la police, le pouvoir et les oppositions à la contestation. Son livre s’attache au vif des événements : à la diversité de leurs protagonistes plus qu’aux seuls porte-parole désignés, à leurs pratiques plus qu’à la rhétorique dont on les a ensuite enveloppés, à la grève qui met le temps en suspens. « Les événements » : si la formule est restée vague faute de pouvoir à coup sûr qualifier ce qui s’était passé, du moins a-t-elle le mérite de revenir précisément aux faits, aux projets, à l’inventivité, à tout ce qui a été imaginé, de grand et de petit, pour réellement « changer la vie ».

Le livre de Nils Andersson constitue un témoignage exceptionnel sur plus de 60 ans d’histoire éditoriale et politique entre la Suisse, la Suède et la France. En 1957, Nils Andersson rencontre Jérôme Lindon (éditions de Minuit), Jean-Jacques Pauvert (éditions Pauvert), et Robert Voisin (éditions de l’Arche) afin de leur proposer la diffusion de leur catalogue en Suisse. Il deviendra éditeur lorsque Lindon lui demande d’éditer La Question d’Henri Alleg, ouvrage interdit en France. Dès 1961, il diffusera également les éditions Maspero et deviendra, après de nombreuses publications liées à la cause algérienne, l’éditeur du Petit livre rouge de Mao et d’autres publications maoïstes. Après son expulsion de Suisse par le Conseil fédéral en 1966, il travaillera cinq ans à Radio Tirana (émissions françaises), puis il deviendra le diffuseur des maisons d’éditions françaises en Suède. A sa retraite, il s’installe à Paris et devient actif au comité scientifique d’Attac tout en s’engageant sur les problématiques des droits humains. Cet ouvrage raconte également l’aventure de la décolonisation et de ce que Nils Andersson appel le « déclin de l’occident ».

Photogramme tiré du film de Chris Marker Le fond de l’air est rouge (1977).