une histoire graphique de 68

une histoire graphique de 68

vendredi 18 mai 2018 à 19h00

Rencontre avec Julien Hage et Bertrand Tillier, co-auteurs du livre Le trait 68 – Insubordination graphique et contestations politiques (1966-1973) chez Citadelles & Mazenod, et Philippe Artières, co-directeur du livre 68 – Une histoire collective (1962-1981) chez La Découverte et co-commissaire de l’exposition Images en lutte aux Beaux-Arts de Paris.

Le trait 68

En s’attachant à l’étude des slogans, des images et des graphies, l’ouvrage propose d’interroger l’insubordination graphique des années 68. Dans une perspective démobilisations collectives et de circulations internationales des idées, un véritable régime visuel s’est, en effet, constitué durant cette période. Influencés par le tiers-mondisme, le pacifisme, le guevarisme et le maoïsme, de nouveaux codes d’expression se définissent, dans de nouveaux lieux (rues, palissades, usines, universités, barricades), par des motifs récurrents (le poing dressé, l’usine, les chaînes brisées, les moutons, De Gaulle), mais aussi à travers une terminologie ciblée (la chienlit, la lutte, les pavés, la beauté). Des affiches des Ateliers populaires des Beaux-arts aux photographies de Gilles Caron, Henri Cartier-Bresson, Bruno Barbey en passant par les dessins de Siné, Willem,Topor, Crumb… sans oublier les collectifs d’artistes français et internationaux, cette étude passionnante permet de mieux comprendre les images de cet incontournable « moment 68 ».

68, une histoire collective

Mai 68 demeure l’un des moments de l’histoire contemporaine de la France qui suscitent les plus vifs débats : les « années 68 » dérangent autant qu’elles fascinent. Elles restent pourtant largement méconnues – et d’autant plus qu’on ne retient que son fameux mois de mai, les barricades du Quartier latin et l’occupation de la Sorbonne. Or ces scènes participent d’un paysage beaucoup plus vaste, à Paris, en province et à l’étranger. Surtout, on ne peut comprendre les raisons et les effets du « moment 68 » sans examiner la longue séquence historique dans laquelle il s’inscrit, de la fin de la guerre d’Algérie en 1962 à l’élection de François Mitterrand en 1981, de la révolution cubaine à la révolution iranienne. Cet ouvrage invite à parcourir l’histoire de ces vingt années qui ont transformé la société française. Acteurs anonymes et célèbres, lieux connus et inconnus, objets de la culture matérielle et artistique s’animent et se côtoient pour nourrir cette histoire polyphonique qui touche aussi bien l’urbanisme que le corps, la vie intellectuelle que la condition ouvrière, le cinéma que l’économie. Ce paysage recomposé donne à voir l’intensité des débats politiques ainsi que l’incroyable diversité des luttes et des aspirations dont ces années furent le théâtre.

Images en lutte

Catalogue de l’exposition Images en lutte – La culture visuelle de l’extrême gauche en France (1968-1974), présentée au Palais des Beaux-arts, Paris (21 février – 20 mai 2018). Les années 1968 en France sont le théâtre d’une formidable production visuelle, portée par les utopies révolutionnaires. Pendant cette période (1968-1974), militants et artistes d’extrême-gauche œuvrent pour inventer de nouvelles formes d’expressions visuelles en lien avec les luttes collectives. Images en lutte raconte cette extraordinaire rencontre entre l’art et la politique qui débute et se referme à l’École des Beaux-Arts de Paris, de l’Atelier Populaire en 1968 aux réunions du FHAR et du MLF en 1974. Cet ouvrage s’ouvre par les affiches de l’Atelier Populaire et présente pour la première fois de nombreux projets ainsi qu’un reportage photographique sur l’occupation de l’École. Des dossiers sont consacrés aux luttes, aux soutiens, aux révolutions, à la libération sexuelle… Il rassemble des peintures, des photographies, des sculptures, des installations, des revues, des tracts, des affiches politiques, des extraits de films et des photographies relatifs à ce moment d’agencements singuliers.